• A toi qui demandes conseille à la lune,

    A toi qui est perdu dans un désert de dune,

    Écoutes je vais te raconter mon histoire,

    Tu t'y trouveras comme dans un miroir.

    Il y a de cela quelques temps,Ce que mon arbre, un soir m'a dit

    J'étais une jeunesse de cent ans,

    De l'amour, l'expérience j'avais,

    Je vivais dans une roseraie.

    Les prétendants devant moi se pliaient,

    Mes pétales rosés pour eux, j'étalais.

    Un jour on me déracina,

    C'est ici qu'on me planta.

    L'endroit n'était pas comme aujourd'hui,

    Plein d'arbres et de fleurs il était rempli.

    Les soupirants devant moi se pâmaient,

    Mais pour un bel éphèbe mon cœur battait,

    De mes avances jamais mots il ne dit,

    Nous restâmes ainsi dans les non dit.

    Si des soupçons ma raison éprouva,Ce que mon arbre, un soir m'a dit

    Très vite mon cœur les réprouva.

    Et c'est comme ça qu'un jour je le vis,

    Dans les branches d'un autre prendre sa vie.

    Qu'il fut mâle ou femelle, cela ne me consolait,

    De la pluie ou des larmes, je ne su ce qui coulait.

    Cela dura longtemps, m'apaiser je ne pouvais,

    De cet amour que je n'avais pas eu, et que je pleurais.

    Pour d'autres contrées, un jour tout deux partirent,

    Le temps enleva les filaments de leur souvenir.

                Aujourd'hui, toi qui les ramènes à moi,

                En étalant ton cœur devant moi,

    La lune ne pourra rien pour toi,

    Comme ce fut le cas pour moi.

                Ne reste pas planté là !

                Bouges toi de là !

    Ne reste pas sur de l'amertume !

    Sors, dégaine ta plume !

                Pour notre histoire raconter,

                Et n'avoir personne à blâmer.

    Pour plus vite guérir,

    Que cet amour soit un souvenir.

                Voilà ce qu'un soir, mon arbre m'a dit,

                Et c'est à toi que je le confis.

    Lascène 2005


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  •  

    F...

    Bien malin celui qui pourrait reconnaître, en ce poupon encore rougi et fripé des efforts qu'il fit pour venir au monde, le garçon de la fille.

     

     

                Six mois plus tard, bien qu'il soit devenu un joli bébé rosé, la différence ne s'entrevoit toujours pas. Ce n'est que vers un an, et grâce à la coquetterie de sa maman, que l'on peut enfin à coup sûr affirmer :

    — Quelle jolie petite fille vous avez là !

     

                Les trois premières années s'écouleront paisiblement entre biberons et jeux de premier âge. Découverte de soi et des autres. A ce propos, je me souviens d'une anecdote :

    " Deux bébés (garçon et fille) qui venaient de prendre leur bain se retrouvèrent nus côte à côte, adossés au montant d'un canapé. Soudain la petite fille remarque qu'entre les jambes de son congénère pend un tout petit bout de quelque chose qu'elle ne connaît pas. Curieuse de ne rien trouver entre les siennes, elle entreprend de voir si l'objet ne serait pas amovible. Aux cris des deux bambins (l'un refusant et l'autre désirant), les mamans accourent, affolées comme il se doit. L'une pour constater que "cet obscur objet du désir" est déjà entre les mains de sa fille au grand dam du petit garçon qui ne comprend pas ce qui lui arrive ". Ah curiosité, curiosité quand tu nous tiens !

     

                Dès sa première rentrée scolaire, l'univers de la petite fille va se transformer radicalement. Elle entre en compétition avec d'autres fillettes. Il lui faut avoir la plus jolie robe, les cheveux les mieux coiffés. Être la plus jolie, celle qui saura attirer l'attention de ses compagnes et l'affection de sa maîtresse.

     

                Six ans, l'âge des premières grandes questions et surtout des "pourquoi" qui n'en finissent pas et auxquels il est si difficile de répondre. Et puis pour elle c'est sa vraie rentrée scolaire, la rencontre avec les plus grands. Les vrais devoirs, la vie de grande, quoi !

     

                Mais c'est aussi l'âge des bons mots d'enfants. Écoutez celui-ci. A son retour de la piscine une petite fille racontait à sa maman la chose suivante :

    "Maman ! Maman ! A la piscine il y avait un garçon, un gros garçon, eh bien tu sais il flottait tellement il était gros ! Il ne coulait même pas. La maman essaye de faire comprendre à l'enfant que du fait de son poids il aurait plutôt dû couler que flotter. Mais non maman, j'ai vu un dessin animé à la télévision où pour faire remonter un bus du fond de l'eau il avait grossi les pneus. Oui avec de l'air mon ange, et l'air est plus léger que l'eau alors tu vois cela dépend. Oui eh bien alors lui (le petit garçon) c'est un ça dépend". J'ai su par la suite que cette enfant était en fait une spécialiste des bons mots. Il y a des enfants comme ça.

     

                Au cours de ces douze premières années elle sera passée du stade de poupon à celui d'une petite fille qui laisse déjà entrevoir sinon la femme de demain, la jeune fille à venir. Elle a commencé à jouer dans la cour des grandes.

     

                C'est au cours de sa treizième année que les choses se compliquent, pour une période très variable, mais longue, si longue. Il y a une vingtaine d'années, à treize ans une enfant était encore une enfant. Aujourd'hui pas encore une femme, mais déjà une jeune fille à coup sûr.

     

                Une jeune fille qui parce qu'elle change voudrait qu'autour d'elle tout se modifie.

                Une jeune fille qui se cherche, qui ne s'accepte pas.

                Une jeune fille qui ne comprend plus le monde qui l'entoure.

                Une jeune fille avec un corps de femme et une âme d'enfant.

                Une jeune fille qui a peur.

     

                Péniblement, elle passera les caps de sa préadolescence, puis de son adolescence. Mais pour cela combien de conflits auront été évités ou devenus inévitables. Combien d’angoisses, de doutes et d'espoirs mêlés seront devenus des vérités. Aucune d'elle n'aura échappé à ce calvaire et aucun parent non plus.

     

                Enfin, tout passe, elle atteint ses dix-neuf ans. Pour la plupart d'entre elles c'est l'époque des premiers examens qualifiants, première compétition réelle entre filles et garçons. Ce n'est que dans ces rares occasions que la société machiste reconnaît les mérites de sa gent féminine.

     

                De vingt-deux à vingt-cinq ans c'est l'heure des choix, certaines d'entre elles deviendront de gentilles épouses au foyer, quant aux autres elles choisiront de faire une"carrière".

     

                Et l'amour me direz-vous ? Certes j'aurais pu vous en parler avant, car comme chacun sait tout âge à ses amours. Mais non, j'ai délibérément attendu ce point de rupture de mon récit. Passer de la jeunesse du corps à la vieillesse de l'âme. J'entends déjà ce que certaines diront, nous ne sommes pas vieilles passés les trente-cinq ans. Evidemment, je me rallie à cette certitude. Seulement combien d'entre vous, mesdames, franchi cet âge osent avouer avoir encore des passions, des amours de jeunesse, des folies passagères. Peu sans aucun doute, pour chacune les causes sont différentes. Voilà pourquoi je n'ai pas encore parlé de l'amour et que je n'en parlerai pas. Après tout que chacune vive celui qu'elle s'est choisi.

     

                Les dix années suivantes qui s'écouleront apporteront leur lot de joie, de petites peines et de chagrin. Partagées entre les maternités et les carrières prometteuses. A moins que ce ne soit entre les non-maternités et les espoirs de carrière déçus.

     

                Et puis un beau jour quarante ans. Ah, quarante ans, le bel âge ! Je soupçonne fort que cet adage soit masculin. Voilà une femme qui vient de passer les vingt dernières années dans un mariage serein entouré de l'affection des siens. Ou une femme "active" à qui tout réussit et qui, dans les deux cas de figure, se réveille un matin : quarante ans !

     

                Les ridelles naissantes autour des yeux, les sillons du contour de la bouche plus creusés que jamais, ne lui laissent, aucun doute sur son âge. Certes, au premier coup d'œil ce n'est qu'un jour où justement ce n'est pas le jour. Tout au long de la journée les préparatifs de sa soirée d'anniversaire seront là pour lui rappeler que l'image qu'elle a entrevue d'elle ce matin même dans la glace, à moins de recourir à la chirurgie esthétique, n'ira pas en s'améliorant. Le bel âge en effet ! Qu'en pensez-vous mesdames ?

     

                Allez savoir pourquoi, pendant une quinzaine d'années, elle s'évertuera à retrouver sa jeunesse perdue. Qu'elle soit active ou installée dans le mariage, elle n'en sera pas moins partagée entre les salons de beauté, les centres de remise en forme et les régimes, pour retrouver à tout prix la taille et la peau lisse de ses vingt ans.

     

                Certaines y réussiront assez bien, je dois dire, mais au prix de quels sacrifices ! Quant aux autres, les malheureuses, elles feront le bonheur des charlatans en tout genre. Plus assez jeunes pour être appelées “ mademoiselle ”, elles n'acceptent qu'à regret le “ madame ” que l'on leur sert. Et les hommes, me direz-vous ? C'est une autre histoire. La concurrence est rude : trois femmes pour un homme. Seules les plus jolies, les plus tenaces ou les plus téméraires auront quelque chance d'attraper l'un de ces mâles tant convoités.

     

                Allez, assez de mélo, ce n'est tout de même pas la fin du monde. Secouez-vous mesdames, cessez de lire tous ces magasines où des Claudia Schiffer et autres NaomiCampbell vous font croire que si vous utilisez telle ou telle crème vos rides s'effaceront, que si vous faites tel ou tel exercice vos fesses se raffermiront, votre ventre redeviendra plat comme au jour de vos vingt ans. Eh bien non, elles, elles ont vingt ans, pas vous. Je voudrais bien les voir ces pros de la vente de produits rajeunissants en tout genre après trois ou quatre maternités, vingt-cinq ans de bons petits plats faits pour retenir un gentil petit mari, croyez-moi elles feraient un peu moins les malignes.

     

                On pourrait croire que dans les prochaines années, sa vie ne serait plus qu'un long fleuve tranquille. Eh bien non, devinez quoi ? La cerise sur le gâteau : "la ménopause". Eh oui, le grand mot est lâché. Depuis l'âge de douze ans environ, tous les mois elle a dû subir ce que l'on appelle pudiquement "sa période mensuelle". Eh bien maintenant elle va affronter, avec tout son cortège de tribulations, l'arrêt définitif de "sa période mensuelle". Que de désillusions en perspectives !

     

                Je ne m'étendrai pas sur le sujet, d'aucunes le comprendront, et pour les autres, laissons-leur le plaisir de le découvrir elles-mêmes.

     

                Vingt ans se sont écoulés, sans lui apporter la moindre consolation des inconvénients liés à son statut de femme. Mais il est vrai que ce n'est tout de même pas la fin du monde. Aujourd'hui elle a la soixantaine, pour certaines des petits-enfants et encore un mari. Pourquoi “ encore ”, tout simplement parce que l'on s'accorde à dire que le sexe dit faible vit plus longtemps que le sexe fort. Une revanche en quelque sorte ! Si tant est que l'on puisse appeler ça ainsi.

     

                Ce pourrait être la fin de mon récit. Pourtant, à vrai dire, j'ai occulté une des possibilités essentielles. Hé oui ! Qu'ai-je donc fait de ces femmes qui travaillent et qui élèvent leurs enfants. Comment pourrait-on en faire des laissés-pour-compte ! Ne sommes-nous pas à deux ans de l'an deux mille. Ne sont-elles pas parmi toutes celles qui deviennent de jour en jour les plus représentatives de leur sexe ? Pensez donc à ce que peut être une journée de l'une d'entre elles.

                Levée à six heures du matin, la course commence. Pas le temps de s'appesantir sur son sort.

     

                Entre la préparation du petit-déjeuner des grands, le biberon du petit dernier, elle avale à toute vitesse un café. Pas le temps de se maquiller, tout juste une douche en cinq-sept et il faut réveiller la maisonnée.

     

                Faire manger le bébé, le laver, l'habiller. Ça y est, elle est prête à partir pour le marathon des transports. Non, un retard, le mari vient de se réveiller et c'est la chemise bleue qu'il veut mettre aujourd'hui, évidemment c'est celle qui n'est pas repassée. Dix minutes de repassage et le bébé qui pleure tout emmitouflé. Enfin la porte se referme derrière elle, zut elle a raté le bus, dix minutes d'attente ! C'est sûr, si elle ne court pas une fois le bébé déposé, elle arrivera en retard à son travail. Et voilà elle a pu s'échapper de chez la nourrice, qui bien entendu l'a retenue dix bonnes minutes de plus. L'équipée sauvage peut commencer. Pile, elle arrive au bureau.

     

                Dix-sept heures. La journée de travail, qui pour beaucoup est finie, ne fait que recommencer pour elle.

     

                A peine le temps de souffler qu'il lui faut se dépêcher de retrouver son bébé. Elle doit, une fois rentrée chez elle, aider les plus grands à faire leurs devoirs, et n'oublions pas la cuisine pour tous.

     

                Il est évident qu'il aurait été dommage de rater une telle expérience, d'autant plus que ce rythme endiablé va durer au moins une bonne dizaine d'années. Ce n'est plus du courage, mais de l'abnégation.

     

                F... aurait pu être bien plus encore, il n'y a là qu'un aperçu succinct, un résumé primitif de la vie possible mais bien souvent réelle des femmes en général et de certaines en particulier.

     

                Alors je voudrais simplement dire à toutes celles qui n'en sont pas encore là, que si ce texte sans prétention aucune leur laissait un arrière-goût et surtout pas un goût de "revenez-y", eh bien elles auraient tort. Car elles sont comme ça, les femmes, toujours prêtes à recommencer et recommencer encore. Sans doute ont-elles reçu en héritage des gènes de Pénélope. Aucune d'entre elles ne laisserait sa place, aucune ne voudrait être passée à côté de sa vie.

     

                Filles elles sont, Femmes elles deviennent, Féminin est leur nom.

     

    Lascène, Septembre 1997


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  • Du jour de ma naissance,

    Tu fus à mes côtés.

    De reconnaissance,

    Aucune je t'ai donnée.

     

     Une vieille amie

    J'espérai que de guerre lasse,

    Tu m'aurais oubliée.

    D'abandon hélas,

    Point il n'a été.

     

     

    Du printemps de ma vie,

    A mes plus mures années,

    Sans aucun souci,

    Je t'ai reniée.

     

     

    Aujourd'hui je me rappelle à toi,

    Et je t'appelle ma vieille amie.

    A quelque temps de mon trépas,

    Vieillesse, tu n'es plus mon ennemie.

     

     

    Lascène Octobre 1998


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  • Un si joli petit minoisIl y avait douze heures que le cortège des sages-femmes avait pénétré dans la chambre royale. Inquiet, le roi arpentait les longs couloirs de son palais, sous les regards de tous les nobles de la Cour réunis pour la circonstance. De temps à autre, une des portes de la chambre s’entrouvrait. Seule apparaissait la tête de l’une des servantes qui, à l’interrogation muette de l’assistance et du futur père, secouait négativement la tête.

     

    Alors, le roi reprenait son long va-et-vient. Il s’arrêta devant l’un de ses sujets et lui posa la question qui le taraudait :

    — Est-ce que cela dure toujours aussi longtemps ?

     

    Celui-ci, qui n’avait pas encore connu les joies de la paternité, se contenta d’un “ Je ne sais pas, Majesté ”.

    Le second, à qui la même question fût posée, et qui ne s’y connaissait guère plus que le premier, assura tout de même, qu’il tenait d’un parent, que cela pouvait durer des heures, des jours même.

    Un troisième, que le roi n’avait pas sollicité, dit qu’il avait assisté pendant trois jours aux festivités natales d’un lointain cousin. Il n’en fallu guère plus, pour que chacun, donne son avis sur la question.

    Sa majesté regretta bien vite, d’avoir fourni le prétexte, à tout ce brouhaha. Il partit se réfugier dans la salle du trône. Il était huit heures quand les servants-cuisiniers sonnèrent l’heure du repas du soir.

     

    Le roi qui s’était quelque peu assoupi, s’enquit auprès de son servant personnel s’il y avait du nouveau du côté de la chambre royale.

    Le servant, qui était resté près du roi, fila à toutes jambes du côté des appartements royaux. Quand il revint dans la salle du trône, le roi était parti festoyer en compagnie de sa Cour.

     

    La reine, entourée des douze sages-femmes, supportait sans faiblir les douleurs de l’enfantement. La mère sage-femme, doyenne des douze autres, se tenait à la tête du lit. Toutes attendaient ses ordres. Les préparatifs étaient bien avancés, mais seule “ mère ” savait quand ce serait le moment. Et depuis dix-sept heures qu’elles étaient arrivées, tout laissait croire qu’elles étaient là encore pour longtemps. La mère sage-femme s’était murée dans le silence, et seuls les gémissements de la reine laissaient un écho dans la chambre.

     

    Les agapes royales battaient leur plein. Le roi, que le vin d’algues n’avait pas enivré tout à fait, fit chercher son servant. Ce dernier, qui se restaurait aux cuisines, se précipita aux pieds de son maître.

    — Alors, servant, as-tu été aux nouvelles ?

    — Oui, maître, mais rien n’est commencé et mère sage-femme ne donne plus d’ordre depuis deux bonnes heures.

     

    C’était très fâcheux. Le roi avait espéré que les choses iraient plus vite, beaucoup plus vite. Il congédia le servant et se fit servir du vin d’algues.

     

    Vers deux heures du matin, on mit le roi dans son lit complètement ivre. Le soleil vert d’Anguna diffusait déjà sa lumière sur les mers, les lacs et les rivières quand le roi s’éveilla le lendemain. Le calme qui régnait alentours, fit que le roi s’inquiéta, de ce qui se passait dans la chambre royale. A peine le temps d’enfiler ses cotonnades que son servant apparaît devant lui.

    — Maître, cela a commencé !

     

    Sans plus attendre le roi escorté de son servant se dirige vers les appartements royaux. Toute la Cour est là, rassemblée devant la porte de la chambre d’où s’échappent les cris de la reine et les ordres de mère sage-femme.

     

    A l’arrivée du roi, tous s’écartent pour lui laisser le passage, mais les commentaires continuent d’aller bon train, jusqu’au moment où ! La porte s’ouvre enfin sur mère sage-femme escortée de ses suivantes. Elle s’arrête devant le roi :

    — L’enfant est née, c’est une fille, vous pouvez entrer !

     

    Intimidé, le roi jette un regard sur la reine et se dirige vers le berceau où repose l’enfant. Il penche légèrement la tête vers le bébé, se redresse et émet un grognement de satisfaction. Le reste de la Cour, qui était resté quelque peu en arrière, pénètre à son tour dans la pièce. Tous attendent de voir la merveille.

     

    Alors, le roi se penche de nouveau, déroule lentement ses tentacules, enroule délicatement le nouveau-né, le soulève et le montre à la face du monde d’Anguna.

    Chacun de s’extasier sur la beauté de l’enfant. Devant son visage si fin, boursouflé d’énormes verrues purulentes, devant sa bouche aux longues dents acérées et les innombrables tentacules qui gesticulent déjà en tous sens.

     

                Le roi s’adresse à l’assistance

     

    — Nous l’appellerons “ La Dévoreuse ” !

     

    L’assistance reprend

     

    — Longue vie à La Dévoreuse !

     

    ooOoo

     

                La mère referme le livre, l'enfant dort.

     

    La lumière s'éteint.

    La porte se referme.

    Les paupières se soulèvent.

     

    Lentement, l'œil s'habitue à la pénombre de la veilleuse.

     

                Ce n'est au début qu'un léger grattement, à peine audible, l'enfant tend l'oreille.

    Le plancher craque, le bruit semble venir tout droit de dessous le lit.

    L'enfant remonte la couverture jusqu’aux yeux.

    Le lit a bougé, il y a quelqu'un ou quelque chose sur le lit.

    L'enfant hurle.

    Des bruits de pas dans le couloir.

    La porte s'ouvre, la lumière éclabousse la chambre.

     

                Le regard se précipite vers le lit.

    Le lit est vide.

    Les yeux s'affolent et dissèquent chaque recoin de la pièce.

    La chambre est vide.

    L'œil est attiré par une tache sombre qui émerge de dessous le lit.

    La tache s'élargit, les yeux se refusent à croire l'horreur qui se profile.

    Le lit se soulève ... le matelas ... les draps ... les couvertures ... sont jetés à terre

     

    La mère retient son souffle.

     

    L'enfant est là, le pouce dans la bouche, il dort paisiblement.

     

     

    Lascène, Août 1998


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  • Ah ! "l'Ami Financier"Mésaventures (ha les banques !!!!)

    Qui rime avec huissier.

    Ce n'est qu'un mauvais jeu de mots,

    Que seuls les initiés peuvent comprendre.

    Mais avec ces gens là des mots,

    Monsieur, il faut prendre.

     

     

    Ils sont sûrs d'avoir toujours raison,

    Alors ils brandissent à l'horizon :

    Le spectre de l'huissier

    Et c'est la saisie,

    Le spectre du banquier,

    Enlèvement de la carte de crédit.

     

     

    Il n'y a pas ici de polémique,

    Seulement le besoin d' exorciser.

    Peut-être juste pour faire la nique,

    A tous ces simulacres d'équités.

     

     

    Lascène Août 1998


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